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ptiluc on ze road
16 décembre 2005

de Ouaga à Bobo

bus_tcv1

Question : peut-on bloguer dans un bus burkinabé ?

Réponse : à première vue, comme ça, on pourrait croire que oui. La vraie problématique c’est de savoir combien de temps on peut tenir et puis surtout ce que peut bien faire dans un bus, un mec qui tapote sur un ordi un blog sur les voyages à moto !

Je vais donc tout vous raconter.

J’ai fini par arriver à Ouagadougou où je suis invité à animer un stage de bande dessinée.

C’est même cette invitation qui m’a servi de prétexte pour organiser cette nouvelle virée africaine. Quand j’ai dit à Fabrice qui m’avait contacté que d’accord, mais que sans doute je viendrais à moto, j’ai bien senti qu’il aurait préféré  que je vienne en avion comme tout le monde et de préférence dans les bétaillères de Point Afrique.

 J’ai choisi la moto.

 Certains diront que je suis complètement cinglé, ou alors que je suis un héros. Moi je crois que les vrais héros, c’est ceux qui font Ouaga-Bobo en bus sans faire la gueule. Serait-ce donc pour être un vrai héros que je suis dans ce bus ? Ben non, ça se tient pas, puisque moi, je la fais la gueule ! Alors voilà ; Fabrice m’avait demandé si éventuellement je serais d’accord d’aller aussi faire une petite intervention en rab à Bobo Dioulasso, quatre cent bornes au sud-ouest de Ouaga.

Comme je pensais mettre plus de temps pour arriver, je m’y serais rendu directement depuis Mopti, mais voilà, j’ai blindé comme un barjo . Pour fuir les guides algériens, puis les nuits glacées sahariennes, par crainte d’arriver en retard et de perdre du temps aux frontières fermées, j’ai tracé ma route sans regarder derrière et je suis arrivé à cinq cents bornes de Ouaga une semaine trop tôt . J’ai bien tenté de traîner chez les grumeaux Dogons mais finalement ,ne valait-il pas mieux conclure la fin de la première étape un peu plus tôt ?

Je pouvais comme ça entretenir un peu ma bécane qui a quand même souffert de l’essence de contrebande et de la chaleur ; puis commencer à rencontrer les stagiaires et tenter de décrocher mon visa pour le Nigéria. Ce pays-là ne laisse pas rentrer un simple motard dessinateur comme ça, il faut des tas d’invitations puis des raisons valables voire officielles…Heureusement j’ai quelques solides alliés au pays des centres culturels mais rien n’est vraiment gagné et l’épreuve nigériane qui commence dès la demande du visa, sera sans doute le prochain point fort de cette virée. Ou la raison de mon retour prématuré…

Réponse dans quelques jours.

 En attendant, me voilà dans le bus avec Hector, dessinateur béninois à ma gauche et Elisée dessinateur Burkinabè à ma droite. Fabrice nous avait garanti que ces bus qui relient les villes principales du pays étaient super tout-confort et tout avec la clim bien comme il faut ; à l’écouter on aurait presque cru aux gros bus Pullman américains qui trimballent les rock stars en tournée…mais là c’est la version burkinabée. Bien serré au coude à coude avec la clim moribonde et les genoux sous le menton, je commence tout doucement à me demander ce que j’ai fait pour mériter ça.

Le voyage dure cinq heures. A l’arrivée, une petite baba un peu boy scout nous amène à notre hôtel vaguement roots et je continue à me demander vraiment ce que j’ai fait pour mériter ça…

Ce genre de piaule, c’est l’étape classique de bord de route ; le truc où tu t’arrêtes vite fait pour continuer le lendemain. Mais là,bon, je suis invité trois jours par un centre culturel .

 Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, mais je crois bien que c’est la première où je prends conscience des terrifiantes restrictions de budget qu’à dû subir le réseau des centres culturels français…mais je crois quand même que celui de Bobo a plus l’habitude de recevoir des fanzineux venus faire des dessins sur la fabrication des djembés que des chorégraphes contemporains ou de vieux prix Goncourt en mal d’exotisme …

Je vais m’écrouler sous la moustiquaire et cuver la bière d’un litre que je me suis farcie avec Hector dans un sinistre maquis au coin de la rue pour oublier qu’au retour on va se farcir le même bus. J’ai toujours cherché à comprendre pourquoi tant de voyageurs me vantaient les mérites des transports en commun . Sur ma moto, j’ai tout le paysage pour moi, devant, derrière, au dessus partout …je m’y plonge, j’en sens la texture et l’odeur, j’en fait partie intégrante. Dans le bus, j’ai vu la nuque d’un costaud pendant cinq heures et sur les côtés, des rideaux tirés pour se protéger du soleil .

Demain devrait être un autre jour…en tout cas, je compte beaucoup là-dessus.

 

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